Session #5 – Creuser les marges de l’histoire

Toute l’équipe d’Hypothèses est heureuse d’annoncer la cinquième séance de sa programmation pour la saison 2021/2022. Celle-ci se déroulera le Mercredi 16 février à 17h30 sur Zoom.

Le lien est https://uqam.zoom.us/j/84966242163

Intitulée «Creuser les marges de l’histoire : Carving the Self» cette séance propose des conférences de Marie Ferron-Desautels, (Doctorat, Concordia) «Miss Mary Stokes, pseudonyme du caricaturiste James Gillray ou dessinatrice oubliée?» et de Véronique Hudon (Doctorat, UQAM) «Refus global au présent: histoires performatives et alternatives du manifeste». La présidence de séance sera assurée par Louise Vigneault (UdeM).

The entire Hypothesis team is pleased to announce the fifth session of its programming for the 2021/2022 season. It will take place on Wednesday, February 16 at 5:30 pm on Zoom.

The link is https://uqam.zoom.us/j/84966242163

Entitled « Creuser les marges de l’histoire : Carving the Self », this session will feature lectures by Marie Ferron-Desautels, (PhD, Concordia) « Miss Mary Stokes, pseudonyme du caricaturiste James Gillray ou dessinatrice oubliée? » and Véronique Hudon (PhD, UQAM) « Refus global au présent: histoires performatives et alternatives du manifeste ». The session will be chaired by Louise Vigneault (UdeM).


Miss Mary Stokes, pseudonyme du caricaturiste James Gillray ou dessinatrice oubliée?

Marie Ferron-Desautels, (Doctorat, Concordia)

Les femmes caricaturistes sont largement absentes des ouvrages portant sur l’histoire de la caricature britannique des XVIIIe et XIXe siècles qui se sont en vaste majorité concentrés sur des figures masculines. Néanmoins, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, des caricaturistes amateurs, généralement issu.e.s de l’aristocratie, collaboraient fréquemment avec des caricaturistes professionnel.le.s. A Paris Beau et A Paris Belle, deux caricatures publiées en 1794, font état de ce travail collaboratif méconnu. Chacune des gravures est pourvue d’une inscription indiquant « Miss Mary Stokes delt » que Dorothy George, l’historienne à l’origine du travail de catalogage des imprimés satiriques du British Museum, a interprétée comme un possible pseudonyme du caricaturiste James Gillray. Dans le cadre de cette présentation, je souhaite remettre en question l’hypothèse de George en démontrant que ces inscriptions identifient fort probablement la créatrice des dessins à partir desquels ces estampes ont été gravées. En les plaçant en relation avec d’autres signatures similaires identifiant des dessinatrices de caricatures, je mettrai en lumière l’importance de porter attention à ces mentions qui révèlent non seulement les collaborations étroites entre caricaturistes amateurs et professionnel.le.s, mais également le rôle joué par des femmes britanniques dans la production caricaturale du XVIIIe siècle.

Marie Ferron-Desautels est étudiante au doctorat interuniversitaire en histoire de l’art à l’université Concordia sous la supervision de Kristina Huneault et de Dominic Hardy. Dans le cadre de ses recherches, elle s’intéresse à la place de la caricature au sein de la culture visuelle et des pratiques de sociabilité des femmes britanniques entre 1760 et 1830. Son mémoire de maîtrise, réalisé à l’UQAM, considère l’œuvre de l’aquarelliste écossaise Katherine Jane Ellice à travers les déplacements de pratiques visuelles entre la Grande-Bretagne et l’Amérique du Nord au XIXe siècle. Elle a coorganisé le colloque Perspectives féministes en histoire de l’art tenu à l’UQAM en 2017 et en 2018, et a également été assistante de recherche pour l’Équipe de recherche en histoire de l’art au Québec (ÉRHAQ), ainsi que pour le projet Ateliers d’artistes au Québec, 1800-1980 : typologie, fonctions et représentations.


Refus global au présent: histoires performatives et alternatives du manifeste

Véronique Hudon (Doctorat, UQAM)

Luis Jacob, A Dance for Those of Us Whose Hearts Have Turned to Ice, Based on the Choreography of Françoise Sullivan and the Sculpture of Barbara Hepworth, 2007. Photo provenant de l’installation vidéo.
Série Blank Cunts/quatuor en solos collectif Cool Cunts, exposition, Refus contraire,  2018. Crédits : Galerie de l’UQAM.

Refus global s’est érigé en un mythe précurseur de la modernité québécoise à travers l’histoire littéraire, artistique et culturelle au Québec. Le manifeste est souvent perçu comme annonciateur de la Révolution tranquille et incarne un symbole de l’identité québécoise francophone. Du point de vue artistique, l’attention s’est rapidement focalisée autour de la figure de Borduas et a mis à l’avant-plan le travail pictural. En marge de ce récit dominant et de cet imaginaire sociopolitique, il y a d’autres lectures et interprétations possibles de Refus global et du groupement automatiste. Dans le contexte de cette communication, je propose d’explorer les marges de l’histoire officielle de Refus global et des automatistes. Mes analyses seront mises en résonances avec mon commissariat en arts vivants que j’ai présenté lors de l’exposition Refus contraire (Galerie de l’UQAM, 2018). Cette exposition, réalisée avec les commissaires en arts visuels Doriane Biot et Camille Richard, offre un réinvestissement de Refus global à l’aune de notre présent. Mon commissariat en arts vivants intitulé « Transformation continue » était un événement en mutations, il exploite le potentiel critique des formes performatives à rejouer, renouveler et créer des expériences esthétiques autour de Refus global. Un enjeu central de mon travail était de mettre à l’avant-plan l’engagement artistique et collectif des automatistes tout en opérant une critique du mythe à travers des approches féministes, décoloniales et interdisciplinaires. L’analyse de mon commissariat sera mise en relation avec le travail effectué par Luis Jacob avec A Dance for Those of Us Whose Hearts Have Turned to Ice… (documenta 12, 2007) projet au sein duquel il s’approprie librement Danse dans la neige de Françoise Sullivan. Ces projets curatoriaux par leurs dimensions expérientielles permettent des dialogues féconds entre notre présent et Refus global pour faire l’histoire autrement.

Véronique Hudon est commissaire, autrice et chercheuse. Son lieu d’intervention se situe entre la scène et le livre, le théâtre et la galerie, l’exposition et à la dramaturgie, l’écriture et la performance. Ses recherches doctorales s’articulent autour des pratiques curatoriales en arts vivants. Actuellement, artiste en résidence au CCOV dans le cadre du projet Relations épistolaires-Penpals, elle élabore avec Katya Montaignac un projet d’échanges mêlant art et féminisme. Récemment, elle collabore avec le centre d’artistes Verticale pour la conception et l’animation de Carnets d’expériences (2020) un événement numérique en deux parties. En 2018, elle assure le commissariat en arts vivants lors de l’exposition Refus contraire à la Galerie de l’UQAM. Elle est codirectrice du livre international Curating Live Arts (2018) paru chez Berghahn Books. Elle a collaboré en tant que conceptrice et performeuse au projet ATTABLER (2018) présenté à l’Agora de la danse. Elle collabore à plusieurs périodiques dans le domaine des arts. 


Présidence/Chair: Louise Vigneault (UdeM)

Louise Vigneault est professeure au département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal. Spécialiste de l’art nord-américain, elle s’intéresse aux imaginaires collectifs, aux constructions culturelles ainsi qu’aux stratégies de représentation identitaire. En 2002, elle publie Identité et modernité dans l’art au Québec : Borduas, Sullivan, Riopelle, et en 2011, Espace artistique et modèle pionnier : Tom Thomson et Jean-Paul Riopelle, aux éditions Hurtubise HMH. Elle s’intéresse également aux créations contemporaines autochtones. En 2016, elle publie une monographie consacrée à l’artiste et chef wendat Zacharie Vincent. Une autohistoire artistique aux éditions Hannenorak. Elle est membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ) et du Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones (CIERA).