Session 2: Le ça a été: The ambivalent relationship to the photograph

Mercredi 10 novembre à 17h30 dans salle DS-R150 à UQAM | Wednesday, November 10th at 5:30 pm in room DS-R150 at UQAM

Intitulée « Le ça a été : the ambivalent relationship to the photograph » cette séance propose des conférences de Florent Michaud (maîtrise, UQAM) « Car j’ignore où tu fuis : les apports du flou photographique au « ça a été» barthien » et de Fanny Bieth (doctorat, UQAM) « On les fout par la fenêtre les psys de San Clemente! » La fin des asiles italiens vue par Raymond Depardon. » La présidence de séance sera assurée par Christelle Proulx (UdeM).

Entitled “Le ça a été : the ambivalent relationship to the photograph” this session will feature talks by Florent Michaud (MA, UQAM) “Car j’ignore où tu fuis : les apports du flou photographique au « ça a été» barthien” and Fanny Bieth (PhD, UQAM) “On les fout par la fenêtre les psys de San Clemente! » La fin des asiles italiens vue par Raymond Depardon.” The session will be chaired by Christelle Proulx (UQAM).


Donnant à voir une réalité déformée se situant aux limites du lisible, le flou photographique semble renverser le dogme de la netteté en art. Apparaissant comme une invitation à reconsidérer le régime occidental de l’image, le flou trouve sa force critique dans la contestation d’un second dogme, celui de l’instantanéité de l’image. La communication proposée s’articule donc autour de l’hypothèse selon laquelle le flou photographique déjoue l’immédiateté de l’image, en introduisant une double temporalité incarnées respectivement dans le geste de création et dans le processus de réception. D’une part, il s’agira d’étudier ce temps qu’implique la production d’une photographie floue, durée qui se manifeste traditionnellement dans un mouvement de l’objectif ou encore dans des modifications postphotographiques. D’autre part, nous explorerons l’expérience du temps de contemplation que l’oeuvre floutée semble imposer au spectateur : la photographie floue résisterait à la compréhension immédiate et nécessiterait, par le fait même, un temps de décodage. Dans le cadre de cette communication, ces considérations théoriques retomberont sur une étude de cas, celle de l’un des clichés de la série.

Florent Michaud est aujourd’hui étudiant à la maîtrise en histoire de l’art à l’UQÀM, après avoir complété un baccalauréat en histoire de l’art à l’Université Laval. Sous la direction d’Eduardo Ralickas, il mène des recherches traitant du flou photographique sous un angle phénoménologique. Récipiendaire de la bourse d’étude du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et de la bourse du Fonds de recherche du Québec-Société et culture, Florent Michaud multiplie parallèlement à ses études les activités professionnelles dans le champ artistique de la ville de Québec. Il travaille actuellement sur la section iconographique du livre Art action (à paraître à l’automne 2021 aux Éditions Intervention) et il participe, à titre de stagiaire, à la mise sur pied de l’exposition rétrospective sur le photographe montréalais Evergon.


En 1978, l’Italie est le premier pays au monde à voter une loi supprimant les institutions d’enfermement psychiatrique. C’est là le résultat de la mobilisation et des expériences menées depuis les années 60 par le mouvement anti-institutionnel Psichiatria Democratica. Ainsi, lorsqu’en 1977 Raymond Depardon se rend pour la première fois en Italie pour photographier les institutions psychiatriques, le mouvement est déjà bien implanté et les établissements qu’il photographie jusqu’en 1981 mènent des expériences de psychiatrie alternative. Or la série d’images qu’il en tire, intitulée San Clemente, ne rend a priori pas compte de ces changements, de l’ouverture des institutions et de la redéfinition des rapports de pouvoir. L’ensemble relève plutôt de l’imaginaire asilaire, de l’« institution totale ».

Il s’agira alors d’interroger les façons dont ces photos renforcent ou, au contraire, déjouent l’imaginaire historiquement associé à la folie dans la société occidentale – question profondément politique au regard de l’influence de la culture visuelle dans la construction et la diffusion des normes ainsi que dans le partage social qui en résulte. Parallèlement, les rapports de pouvoir intrinsèques à l’expérience photographique et les formes de leur subversion seront examinés. Dans quelle mesure la mise en crise de la distribution des rôles au sein de l’institution inquiète-t-elle celle qui organise l’expérience documentaire?

Fanny Bieth est doctorante en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal. Sa thèse porte sur les projets photo- et cinématographiques de Raymond Depardon au sein des institutions psychiatriques italiennes. Elle est membre étudiante du centre de recherche Figura et secrétaire de rédaction de la revue savante Captures. Figures, théories et pratiques de l’imaginaire. À titre d’auteure, elle collabore avec les revues Ciel Variable, Spirale et Captures, ainsi qu’avec des artistes en arts visuels.


Christelle Proulx est candidate au doctorat en histoire de l’art à l’Université de Montréal. Sous la direction de Suzanne Paquet et soutenue par le CRSH, sa thèse aborde le devenir photographique du web par le biais de l’étude des dynamiques utopiques et algorithmiques qui animent la culture visuelle en ligne. Ses intérêts de recherche se situent principalement dans les champs de l’art actuel, des études photographiques et des études internet, de même que des humanités numériques et de la sociologie des sciences et des techniques. Elle a publié plusieurs articles sur le sujet en plus d’avoir codirigé l’ouvrage L’agir en condition hyperconnectée : art et images à l’œuvre, publié aux Presses de l’Université de Montréal en 2020. Elle est membre du groupe de recherche « Art et site » qui se penche sur l’art dans l’espace public et la culture numérique et a également enseigné l’histoire de la photographie.