Toute l’équipe d’Hypothèses est heureuse d’annoncer le quatrième séance de sa programmation pour la saison 2021/2022. Celle-ci se déroulera le Mercredi 12 janvier à 17h30 sur Zoom.
Intitulée «Visions et violence : reclaiming a body of one’s own» cette séance propose des conférences de Marjorie Charbonneau (Maîtrise, UQAM) «L’imagerie pornographique de Marie-Antoinette : reflet de la peur masculine de la puissance féminine» et de Rachel Brideau (Maîtrise UdeM) « Le « vieillir jeune » comme modalité gérontophobique dans l’œuvre de Cindy Sherman ». La présidence de séance sera assurée par Ève Lamoureux (UQAM).
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The Hypotheses team is pleased to announce the fourth session of its programming for the 2021/2022 season. This panel will take place on Wednesday, January 12 at 5:30 pm on Zoom.
Entitled « Visions et violence : reclaiming a body of one’s own », this session will feature lectures by Marjorie Charbonneau (M.A., UQAM) « L’imagerie pornographique de Marie-Antoinette : reflet de la peur masculine de la puissance féminine » and Rachel Brideau (M.A., UdeM) « Le « vieillir jeune » comme modalité gérontophobique dans l’œuvre de Cindy Sherman ». The session will be chaired by Ève Lamoureux (UQAM).
La dernière moitié du XVIIIᵉ siècle apporte partout en Europe, un flot de mouvements révolutionnaires populaires. Par le biais de la libération de la presse en 1789, les caricaturistes s’emparent de l’imprimé comme moyen de communication des critiques montantes. Déjà mise à mal par les insurrectionnels, la monarchie entame dès ce moment une pente descendante.
Depuis une vingtaine d’années, Marie-Antoinette est de plus en plus étudiée, et ce au regard de diverses disciplines : littérature, histoire, etc. Cependant peu d’historiens·nes de l’art se sont attardés·es aux représentations pornographiques la concernant. Ce corpus est important dans la construction de l’image publique de Marie-Antoinette parce que l’image gravée, qui attaque sa vertu, fonctionne comme un supplément controversé et fabrique l’idée d’une reine en catin royale. Par l’analyse iconographique des estampes pornographiques représentant Marie-Antoinette, il est possible de mieux comprendre l’instrumentalisation de cette femme en fonction de son genre et des catégories patriarcales qui limitaient son accès à la société. Au prisme des études pornographiques, des études sur le genre et des études féministes, ces représentations pornographiques sont relues pour en retirer une lecture plus juste : celle de l’effarement masculin envers la puissance sexuelle et sociale de la reine.
Sous la direction de Peggy Davis, Marjorie Charbonneau est actuellement à la maîtrise en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Dans son projet actuel, financé par le Conseil de recherche en sciences humaines, elle réfléchit l’imprimé révolutionnaire pornographique au vu des études féministes, des études pornographiques ainsi que des théories du genre. La maîtrisante s’intéresse particulièrement à cette période charnière entre la chute de l’Ancien Régime et la montée de la période révolutionnaire en France, car elle croit que cette époque ébranle les standards du genre par la plus grande prise de parole des femmes dans l’espace public.
À la suite du colloque annuel de la Société internationale pour l’étude des femmes de l’ancien régime en mars 2020, Marjorie Charbonneau collabore à l’ouvrage à paraître Femme et folie sous l’Ancien Régime. Elle est aussi étudiante chercheuse pour le projet Récits de l’ailleurs et entreprise éditoriale menée au centre des Livres rares de la bibliothèque de l’UQAM.
La gérontophobie est la peur ou la haine des personnes âgées et de la vieillesse. Elle se caractérise principalement par l’adoption de comportements âgistes et la perpétuation des stéréotypes néfastes et péjoratifs contre les gens âgées. Elle est fortement ancrée dans notre société occidentale ayant pour résultat la marginalisation et l’exclusion des personnes âgées ou vieillissante et le refus de vieillir chez de nombreux individus. Au sein de cette « culture gérontophobique », les arts contemporains semblent proposer un mouvement de revalorisation de la vieillesse dans le cadre duquel plusieurs voies sont exploitées par les artistes. La série photographique Society Portraits (2008) de Cindy Sherman est l’un des exemples paradigmatiques qui constate et ouvre la réflexion sur l’enjeu de la gérontophobie. L’objectif de cette présentation est d’étudier les stratégies d’amplification mises en place par l’artiste pour dénoncer l’impact du mythe de bien vieillir sur les femmes vieillissantes, ainsi que leur obsession de la jeunesse et des apparences. Cette contribution multidisciplinaire en histoire de l’art et gérontologie culturelle vise également à révéler l’étroite relation entre la construction artificielle de la vieillesse et la construction socioculturelle de la ménopause, le présupposé seuil de la vieillesse féminine.
Rachel Brideau est titulaire d’un baccalauréat en cheminement honor et d’une maîtrise en histoire de l’art à l’Université de Montréal sous la direction de Johanne Lamoureux. Récipiendaire d’une bourse d’études supérieures du Canada Joseph-Armand-Bombardier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, elle entame un diplôme d’études supérieures spécialisées (D.E.S.S.) en gestion d’organismes culturels à HEC Montréal.
Ses intérêts de recherches concernent la représentation de la vieillesse, la photographie, la performance et les études féministes. Son mémoire aborde l’enjeu de la gérontophobie dans les œuvres photographiques des artistes Cindy Sherman et Donigan Cumming.
Ève Lamoureux est professeure au département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Ses recherches portent sur une réflexion art et politique, notamment sur l’art engagé, les arts communautaires et la médiation culturelle. Elle est membre du Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés (CELAT) et de l’Observatoire des médiations culturelles (OMEC). Elle a coédité dernièrement : Médiation culturelle, musées, publics diversifiés. Guide pour une expérience inclusive (avec Saillant, Maignien et H. Levy, Écomusée du fier monde, 2021) ; Arts. Entre libertés et scandales. Études de cas (avec Paquette et Sirois, Nota Bene, 2020), InterReconnaissance. La mémoire des droits dans le milieu communautaire au Québec (avec Saillant, Presses de l’Université Laval, 2018); Le vivre-ensemble à l’épreuve des pratiques culturelles et artistiques contemporaines (avec Uhl, Presses de l’Université Laval, 2018), et Expériences critiques de la médiation culturelle (avec Casemajor, Dubé, Lafortune, Presses de l’Université Laval, 2017).